Aberration
Danse / Jeudi 11 janvier 20h  / Théâtre Saragosse
55 min / TARIF B

Pour sa pièce Πόλις Polis (2017), Emmanuel Eggermont avait choisi le noir, sur les traces du peintre Pierre Soulages. Pour son solo d’une étrange beauté Aberration (2020), il a opté pour le blanc qui, selon Kandinsky, « regorge de possibilités vivantes ».

Le chorégraphe Emmanuel Eggermont est fasciné par la couleur, la lumière, les matières. Avec la complicité de l’éclairagiste Alice Dussart et de la plasticienne Elise Vandewalle, il élabore pour le plateau tout un jeu de matières et de lignes qui témoigne de sa sensibilité aux paysages graphiques. Mais ce n’est pas en simple coloriste qu’il aborde cette création. Les quinze années passées aux côtés de Raimund Hoghe, dramaturge de Pina Bausch dont les pièces témoignent de nos fragilités, ont laissé une forte empreinte sur son travail. À l’origine d’Aberration, il y a cette attention portée aux chocs, aux déviations des trajectoires de vie. Le blanc résonne comme la promesse d’une reconstruction, une référence au commencement et à l’enfance. Cet univers monochrome foisonne de personnages énigmatiques et attachants. La danse virtuose qui en découle, à la fois épurée et expressive, et les effets sonores confiés à la riche palette musicale de Julien Lepreux font d’Aberration une expérience sensorielle bouleversante.

Avec le soutien de la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques), du mécénat de la Caisse des Dépôts et de l’Onda, Office national de diffusion artistique dans le cadre de leur programme TRIO(S) volet émergence.

Concept, chorégraphie, scénographie et interprétation — Emmanuel Eggermont — Collaboration artistique Jihyé Jung — Musique originale Julien Lepreux — Création lumière Alice Dussart — Consultante artistique Élise Vandewalle — Production et diffusion Sylvia Courty, Boom’Structur — Administration de production Violaine Kalouaz — Crédit photo Jihyé Jung
PRODUCTION

Production L’Anthracite (www.lanthracite.com) Coproductions CCN de Tours - direction Thomas Lebrun, ADC Genève, Le Gymnase | CDCN Roubaix – Hauts-de-France, La Maison CDCN Uzès Gard Occitanie, Le Tandem Scène Nationale, POLE-SUD CDCN / Strasbourg, Théâtre de Nîmes – scène conventionnée d’intérêt national – Art et Création – danse contemporaine // Aides DRAC Hauts-de-France, Région Hauts-de-France // Soutien SPEDIDAM // Projet soutenu dans le cadre du programme Etape Danse, initié par l’Institut français d’Allemagne – Bureau du Théâtre et de la Danse, en partenariat avec la Maison CDCN Uzès Gard Occitanie, le théâtre de Nîmes – scène conventionnée d’intérêt national – Art et Création – danse contemporaine, la fabrik Potsdam, et Interplay International // Festival contemporary dance (Turin) en collaboration avec La lavanderia a Vapore / Fondazione Piemonte dal Vivo (Piémont) et l’aide de la DGCA – Ministère de la Culture et de la Ville de Potsdam.// Emmanuel Eggermont est artiste associé au Centre chorégraphique national de Tours - direction Thomas Lebrun (2019-2023)

Pour sa pièce Πόλις Polis (2017), Emmanuel Eggermont avait choisi le noir, sur les traces du peintre Pierre Soulages. Pour son solo d’une étrange beauté Aberration (2020), il a opté pour le blanc qui, selon Kandinsky, « regorge de possibilités vivantes ».

Le chorégraphe Emmanuel Eggermont est fasciné par la couleur, la lumière, les matières. Avec la complicité de l’éclairagiste Alice Dussart et de la plasticienne Elise Vandewalle, il élabore pour le plateau tout un jeu de matières et de lignes qui témoigne de sa sensibilité aux paysages graphiques. Mais ce n’est pas en simple coloriste qu’il aborde cette création. Les quinze années passées aux côtés de Raimund Hoghe, dramaturge de Pina Bausch dont les pièces témoignent de nos fragilités, ont laissé une forte empreinte sur son travail. À l’origine d’Aberration, il y a cette attention portée aux chocs, aux déviations des trajectoires de vie. Le blanc résonne comme la promesse d’une reconstruction, une référence au commencement et à l’enfance. Cet univers monochrome foisonne de personnages énigmatiques et attachants. La danse virtuose qui en découle, à la fois épurée et expressive, et les effets sonores confiés à la riche palette musicale de Julien Lepreux font d’Aberration une expérience sensorielle bouleversante.

DISTRIBUTION

Concept, chorégraphie, scénographie et interprétation — Emmanuel Eggermont — Collaboration artistique Jihyé Jung — Musique originale Julien Lepreux — Création lumière Alice Dussart — Consultante artistique Élise Vandewalle — Production et diffusion Sylvia Courty, Boom’Structur — Administration de production Violaine Kalouaz — Crédit photo Jihyé Jung

 
RENDEZ-VOUS
Performance
Décloisonner
Emmanuel Eggermont et Arnaud Bibonne
Mercredi 10 janvier 19h
Musée des beaux-arts

Pour cette performance musicale et chorégraphique, Emmanuel Eggermont convie le musicien Arnaud Bibonne, grand joueur de boha, la cornemuse des landes de Gascogne. Nourris d’un intérêt très marqué pour les arts plastiques et l’architecture, les extraits dansés par Emmanuel Eggermont dessinent peu à peu le chemin graphique d’un partage du sensible avec Arnaud Bibonne. Inscrit dans le cadre du Musée des Beaux-Arts, ce déplacement artistique propose ces résurgences chorégraphiques et musicales libérées du cadre théâtral.

Durée 20 min
En partenariat avec le Musée des Beaux-Arts de Pau — Entrée libre

 

Emmanuel Eggermont
Après une formation au centre national de danse contemporaine d’Angers, Emmanuel Eggermont fait ses débuts de danseur à Madrid. Fasciné par la découverte d’autres cultures, il séjourne également deux ans en Corée du Sud pour y mener un projet mêlant pédagogie et chorégraphie. Cette période - ainsi que sa collaboration de quinze ans avec Raimund Hoghe (Boléro Variations, Si je meurs laissez le balcon ouvert, L’Après-midi...) – marque son travail en lui insufflant un goût pour l’essence des choses, la sincérité au plateau et l’humanité. A la suite d’une résidence de recherche de six ans à L’L (Bruxelles) où il y questionne sa pratique, Emmanuel Eggermont développe ses projets au sein de L’Anthracite (Lille). Dans ses pièces, qui l’amèneront notamment à obtenir la bourse Beaumarchais-SACD et à participer au festival d’Avignon, des images aux résonances expressionnistes côtoient une danse abstraite et des tonalités performatives. Ses trois dernières créations, Πόλις (Pólis), Aberration et All Over Nymphéas suivent cette ligne artistique et forment un cycle « chromato-chorégraphique ». Monochromies et études picturales invitent le spectateur à devenir conscient de ce qui repose invisiblement en lui, son histoire enfouie et celle qui s’y superpose. Actuellement Emmanuel Eggermont est associé au Centre Chorégraphique de Tours.

Emmanuel Eggermont, un rêve de danse à Genève Le danseur français enchaîne les métamorphoses oniriques dans « Aberration », éloge du blanc et de ses promesses, à ne pas manquer à la Salle des Eaux de Vives jusqu’à dimanche, avant « Strange fruit » dès mercredi. L’extase de la matière. Ce sentiment d’épouser le geste du danseur. De se lover dans ses métamorphoses. Le Français Emmanuel Eggermont vous aspire dans sa toile à La Salle des Eaux-Vives à Genève. Seul en scène sur fond craie, il traverse contrées imaginaires et époques d’un pas lunaire d’abord et comme absent, puis lyrique jusqu’à la possession. Aberration - titre de cette pièce donnée en première mondiale, jusqu’à dimanche, avant Strange Fruit dès mercredi- imprime son mystère dans les esprits. Rien d’hermétique pourtant. Emmanuel Eggermont, sa silhouette de page, son regard obnubilé par un paysage secret, sa technique classique chahutée par des inspirations multiples, composent un univers cohérent et personnel, perméable à toutes nos rêveries. Voyez comment il vous entraîne dans son monde. Il se profile au fond de la scène, capuche blanche de skateur ou de moinillon, démarche lente accordée à des secousses intra-utérines. Un appel venu de très loin. Cette bande-son conçue par le musicien Julien Lepreux, complice du chorégraphe, est un territoire effervescent, organique d’abord, liturgique dans un moment, symphonique à l’improviste. Car voilà que retentit une musique d’orgue. Et que le skateur de tout à l’heure arbore une cornette de nonne. A moins que ce ne soit une mitre de carnaval. Mais c’est un bec de cacatoès à présent. L’artiste détricote à vue les mailles de l’histoire. Il flirte avec le ciel comme un ptérodactyle. Plus tard, libéré de son attirail de théâtre, il vous emportera dans sa fugue, bras éoliens, fluide comme pour un envol d’opéra. C’est son « Lac du cygne ». Si on plane, c’est que ses métamorphoses coulent de source, qu’elles ne relèvent pas de la parade, mais de la labilité du songe. Emmanuel Eggermont, c’est l’Orlando de Virginia Woolf. Un poète tête en l’air qui change de corps, de sexe et de siècle selon sa fantaisie, médiéval à un moment, cyborg à un autre. Aberration est le buvard de douleurs contemporaines, raconte l’artiste après la représentation. A l’origine de la pièce, il y a cet intérêt pour les traces que laisse la violence dans les corps et les cerveaux. Il a rencontré des personnes blessées en voie de guérison. Il a lu le journal d’un rescapé des attentats du Bataclan. Il a réfléchi aux conditions d’une reconstruction, à ce qu’on peut édifier au milieu des ruines intérieures. De ses récits, il s’est détourné ensuite, afin qu’ils infusent. Emmanuel Eggermont n’est pas écrivain, mais chorégraphe, c’est-à-dire aussi plasticien dans son esprit. Il modèle des textures. Pour Polis, en 2017, il avait choisi de fondre son mouvement dans le noir, sur les traces du peintre Pierre Soulages. Pour Aberration, il a opté pour le blanc, cette couleur qui est une promesse, et pour un rideau à lamelles verticales qui permet de diffracter une vision. L’artiste a l’obsession des matières. Avec la vidéaste et photographe Jihyé Jung, l’éclairagiste Alice Dussart et le compositeur Julien Lepreux, il a élaboré, touche après touche, son œuvre. « Dans mes créations, tout se construit simultanément. Il n’y a pas de hiérarchie entre un son, un geste et une lumière. Tout doit s’intriquer. » « Connexion » est le leimotiv du danseur. « L’interprète doit être connecté à la matière, à l’instant qu’il vit, au public aussi. C’est lui qui élabore le sens de ce qu’il voit. » Au studio, pendant les répétitions, il veille au poids de l’image aussi bien qu’à celui du geste. Pas pour épater, mais pour ne pas se trahir, pour que le mot de présence ne soit jamais une formule creuse. Emmanuel Eggermont danse depuis treize ans pour Raimund Hoghe, cet écorché doux, qui a été le dramaturge de Pina Bausch et qui distingue nos fragilités d’une pièce à l’autre. « Il m’a appris à chercher la beauté et à ne pas en avoir peur. » Dans ses habits d’infant, Emmanuel Eggermont vous prête un peu de son feu pâle.
Le Temps, Alexandre Demidoff, 18 janvier 2020.

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ART ET CRÉATION DANSE